La puissance mongole a pris naissance dans les steppes du nord et s’est étendue à la Mandchourie puis à la Chine toute entière où l’empire Djurtchet des Jin, miné par les guerres civiles, était sur le déclin. Les Jin qui subissent la pression des Mongols envoient des émissaires à Goryeo pour demander une aide en riz et en chevaux. Entre-temps, les restes d’une armée Khitans, fuyant devant les troupes mongoles pénètrent dans le nord de la péninsule et établissent leur quartier général à Pyongyang malgré une mobilisation extraordinaire des coréens (mêmes les moines prirent les armes). Ces derniers parvinrent cependant à repousser les envahisseurs. En 1215, les Mongols réduisent les 50 000 Kithans encore réfugiés à Goryeo. Se prenant alors pour les bienfaiteurs, les Mongols envoient un émissaire à la cour du royaume de Goryeo pour demander le tribut.
Soumission de Goryeo
En 1217, les Mongols soumettent les Khitans. 90 000 Khitans qui représentaient le reste de l’armée vaincue passent le fleuve Yalu et ravagent les marches septentrionales de Goryeo. Ils sont repoussés près de la capitale Kaegyeong par le général Kim Ch’wi-ro vers la Mandchourie.
L’année d’après, des troupes mongoles et djurtchet pénètrent dans le territoire de Goryeo à la poursuite de Khitans. Le royaume coréen s’allie aux Mongols et aux Djurtchets et les Khitans sont rapidement battus. La présence sur son sol d’importantes troupes mongoles oblige Goryeo à faire allégeance aux Mongols.
Les relations diplomatiques entre ces derniers et la Corée sont rompus au cours de l’année 1219, lorsqu’un émissaire mongol est tué dans la région du Yalu alors qu’il ramenai le tribut de Goryeo. Deux ans plus tard, une ambassade conduite par Temuge Otcigin, le frère de Gengis Khan, arrive à Kaegyeong et exige une augmentation du tribut. Les Coréens se rendent compte qu’une invasion est désormais inévitable. Les incursions des hordes mongoles dans la péninsule avaient commencé à l’époque de Ogödaï, le succeseur de Gengis Khan. Sous le règne de Gengis Khan, la Corée fournissait déjà un tribut mais elle n’avait jamais été menacé directement.
La première invasion (1231)
Cette date correspond à la dix-huitième année de règne du roi Kojong; C’est aussi le début d’une guerre de trente ans entre Mongols et Coréens. Ogodai Khan, successeur de Gengis Khan, envoie un corps expéditionnaire puissant commandé par Sartaq.
Les troupes mongoles, renforcées par des contingents de Djurtchet, franchissent le fleuve Taedong et, gràce à une attaque nocturne, s’emparent de Pyeongju. Toute la population est massacrée, y compris les animaux. La capitale Gaegyeong est menacée, la campagne environnante est ravagée. Un traité de paix est rapidement signé et la même année, les Mongols se retirent en laissant le pays sous le contrôle d’un résident appuyé par soixante-douze garnisons. Le roi de Corée envoie un émissaire dans la capitale mongole et, pour la première fois, salue l’empereur mongol comme suzerain.
Malgré des actes d’héroïsme isolés, comme la défense de la forteresse de Kuju par le général Park Seo, la résistance de l’armée coréenne a toujours manqué de cohésion. Devant la menace mongole, la cour se réfugie dans l’île de Ganghwa. Les Mongols considèrent cette fuite comme un acte de rebellion.
La deuxième invasion (1232)
L’empereur en apprenant la fuite du roi envoie une expédition punitive. Les villes du nord sont ravagées mais dès les premiers jours de l’invasion, le prince Sartaq, commandant des troupes mongoles, est tué d’une flèche tirée par le moine Kim Yun-hu. Privés de leur chef, les Mongols rebroussent chemin.
La troisième invasion (1235)
En 1235, le général Tangut et son armée franchissent le fleuve Han, le territoire de la péninsule est progressivement occupé. Le roi de Corée, totalement dépassé par les événements, tente de conjurer le sort en faisant des sacrifices aux cours d’eau et aux montagnes. Les Mongols établissent des garnisons jusque dans le sud de la péninsule et ravagent le pays.
La quatrième invasion (1254)
Cette nouvelle invasion a lieu au cours de la quarante et unième année du règne du roi Kojong. Elle est dirigée par Djarlatai. Malgré les exigences mongoles, le roi de Corée s’obstine à demeurer sur l’île de Ganghwa. Cette invasion fut la plus destructrice de toutes. Les Mongols emmenèrent avec eux deux cents mille captifs et les cadavres furent trop nombreux pour être comptés. L’envahisseur utilisa la tactique de la terre brûlée et des villages entiers furent rayés de la carte. C’est aussi pendant cette invasion que périrent des trésors nationaux tels que la pagode en bois à neuf étages du temple de Hwangnyongsa érigée à Gyongju au VIIe siècle et la Tripitaka gravée sur des planches de bois et qui était conservée au temple de Puinsa près de Daegu.
L’occupation mongole
Le roi Kojong décède en 1259. Le 21 avril de cette même année, le prince Chon prend sa succéssion sur le trône de Goryeo sous le nom de Wonjong. Le Prince Sim qui avait assuré la régence en Corée pendant le voyage de son père en Mongolie devint prince héritier. Ainsi les trente dernières années de la vie du roi Kojong n’avaient été rien d’autre que l’histoire de la dévastation de la Corée par les Mongols.
En 1262, un édit notifie à la Corée ce qu’elle doit envoyer à la cour mongole. Les Mongols nomment un résident, installent des gouverneurs et des garnisons dans les provinces, créent leur propre réseau de routes et leur propre système de courriers. Toute l’administration de Goryeo est sous leur contrôle. C’est pendant la domination mongole que furent introduits en Corée le coton et la poudre. C’est à cette même époque que l’Europe et en particulier la France apprennent l’existence d’un royaume situé aux fins fonds de l’Orient et qui n’est autre que la Corée, connue d’abord sous le nom de Solangi.
Wonjong consolide son pouvoir à la cour et revient sur le trône après une tentative de coup d’état. Choe Tan avait conçu en effet le projet de céder à l’empire mongol tous les territoires au nord de la Corée tombées sous son contrôle.
La cour coréenne est toujours réfugiée sur l’îlot Ganghwa ce qui insuporte les mongols qui tiennent à ce qu’elle soit transférée dans les terres. Le 23 mai, Wonjong ordonne à toute la population de Ganghwa de réintégrer l’ancienne capitale. En réponse à cet édit, le corps d’élite de Sambyolcho se rebelle et interdit à quiconque de partir. Après la poursuite du corps d’élite par l’armée régulière, la cour royale de Corée réintègre enfin la péninsule, mais au prix imprévu de nombreuses victimes. Une partie des insurgés de Sambyolcho réfugiés sur l’île de Jin sera anéantie l’année suivante tandis que d’autres prendront le contrôle de l’île de Jeju.
En janvier 1263, la capitale Gaegyong s’emplit de soldats mongols. La moindre habitation est alors occupée par les troupes mongoles fraichement arrivées ou déjà en stationnement. La capitale est de fait sous occupation mongole. Un édit de Kubilai informe la colonisation des terres coréennes par les soldats mongols. En 1270, le territoire situé au nord du fleuve Taedong est transformé en colonie mongole.
Ambassades mongoles vers le Japon
Après de multiples et vaines tentatives, de nouveaux émissaires sont envoyés au Japon afin de porter la parole de Kubilaï. Furieux de l’échec essuyé par ses émissaires envoyés au Japon deux ans plutôt, il envoie en 1268 une nouvelle mission. Les émissaires du Khan sont porteurs d’une lettre où il est écrit entre autres : « La puissance mongole est bien disposée à votre égard et désire avoir avec vous des relations amicales. Elle ne souhaite pas votre soumission, mais, si vous acceptez sa protection, le Grand Empire mongol couvrira le monde« .
Toujours sans réponse du Japon, l’empire Mongol envoie une dernière ambassade conduite par Tchao Leang-pi qui quitte Gaegyong en 1271. A l’image des précédents voyages, celui de Tchai Leang-pi fut considéré comme un échec. La Mongolie avait conquis les quatre cinquièmes de l’ancien empire des Song, et depuis le 15 novembre de l’année précédente, l’Empire du Milieu portait le titre de Grand Empire Yuan. Kubilai, empereur fondateur de la dynastie Yuan, ne pouvait plus longtemps supporter que ses ambassades se voient refuser un accueil officiel au Japon.
Pouvant être pris comme une préparation à l’invasion du Japon, l’armée mongole envoie dix mille hommes sur l’île de Jeju afin d’éradiquer les rebelles de Sambyolcho. La forteresse de Jeju tombe en avril 1273 et Kim Tongjong, le leader des rebelles, n’a d’autre alternative que le suicide. L’ Empire Mongol annexe par la même occasion ce nouveau territoire comme l’indique la nomination d’un commissaire à la pacification de Jeju. L’île devient alors un immense haras pour leurs élevages de chevaux.
Première tentative d’invasion du Japon
Hong Tagu, natif de Corée et conseiller officiel de Kubilai ordonne le recrutement de trente mille ouvriers coréens. Le désir toujours plus pressant de Kubilaï de conquérir le Japon oblige le peuple coréen aux plus grands sacrifices. Le rythme de construction des bâteaux, ajouté aux privations pour nourrir l’armée mongole, affecte lourdement la péninsule. Alors que le pays est saigné à vif, Wonjong meurent à l’âge de quarante-six ans, après quinze années de règne sur Goryeo. Le prince Sim allait désormais gouverner sous le nom de Chungnyeol.
Les armées coréennes et Yuan se regroupent autour de Happo (actuelle ville de Masan), le port à partir duquel la flotte partira vers le Japon. Sous le commandement de Sintou, les 25 000 hommes répartis sur neuf cents vaisseaux construits par les coréens embarquent en octobre 1274. La première journée voit la victoire mongole et le soir les troupes se replient dans les navires. Une violente tempête s’abat sur la flotte pendant la nuit. Deux cents navires coulent et treize mille hommes périssent noyés. Ceci marque l’échec de l’invasion. Les Japonais attribuèrent à cette tempête providentielle le nom de Kamikaze, vent divin envoyé par les dieux pour protéger le pays. Pour répondre a cette invasion manquée, il est intéressant de noter qu’un projet d’invasion de la Corée avait été envisagé.
En 1275, la fille de Kubilaï accède au titre de reine de Goryeo après avoir épousé Chungnyeol. Cette alliance n’aura pas tous les effets escomptés par la cour coréenne. La pression mongole ne se relâchera que sporadiquement. Les mariages mixtes dans une plus large mesure renforcèrent les liens entre les cours mongole et coréenne, mais n’empêchèrent pas là encore le peuple coréen de souffrir cruellement de la vassalité de son pays. En 1279, le costume mongol est adopté par tous les fonctionnaires. La même année, toute la famille royale se rend en visite à Pékin. C’est l’apogée de la domination mongole sur la Corée.
Second échec et fin de la menace mongole
L’armée de Kubilaï parvient à éliminer les dernières poches de résistance en Chine et la dynastie Song disparait. Au lendemain de cette victoire historique, l’empereur Yuan ordonne la construction de neuf cents navires de guerre pour l’expédition contre le Japon. Le 4 janvier 1281, les généraux Hong Tagu, Sintou, le général chinois Fan Wen-hou et Alahan, qui avait été nommé ministre de Droite du secrétariat à l’expédition japonaise, reçurent l’ordre d’entamer les hostilités. Une flotte de trois mille cinq cents navires avec cent mille hommes à leur bord part de la Chine du Sud tandis qu’une autre flotte de neuf cents navires transportant quarante mille hommes quitte Happo en Corée. Début juin, les deux flottes font leur jonction devant l’île de Shiga. Un second typhon détruit la flotte mongole et plus d’un tiers des soldats périt noyé. Les troupes mongoles qui étaient restées à terre sur l’île de Kyûshû ou sur l’île de Tsushima furent massacrées ou réduites à la captivité. Ce nouvel échec marque la fin de la menace mongole.
A partir de cette époque, Yuan et Goryeo prirent des mesures défensives contre d’éventuelles attaques de représailles de la part des Japonais. En avril 1281, quatre cents soldats Yuan arrivent en Corée afin de protèger la capitale. Cette mesure était nécessaire car à la suite de l’expédition japonaise, Goryeo manquait en effet cruellement de soldats au point de devoir solliciter de l’empire ce maigre effectif. En septembre, Yuan augmenta les forces défensives basées sur l’île de Jeju. Par la suite, le projet de conquête du Japon apparut de nouveau épisodiquement dans les délibérations de la cour Yuan mais les discussions restèrent stériles.
En 1294, l’empereur Kubilai meurt et le sujet d’invasion du Japon ne fut plus désormais abordé. Le royaume de Goryeo mit longtemps à se remettre de cette seconde affliction. Les dernières années de règne de Chungnyeol furent marquées par le malheur. Les révoltes internes de Yuan eurent également des répercussions sur son pays qui fut envahi par une armée rebelle mongole, et la capitale dut une fois de plus être transférée sur l’îlot Ganghwa. Une discorde éclata entre le roi Chungnyeol et son fils le prince héritier Chungseon, qui fit assassiner plusieurs dizaines de vassaux favoris du roi et tenta d’usurper la couronne. Le roi Chungnyeol mourut à son tour en 1308 à l’âge de 73 ans.
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