Goguryeo 고구려

37 av. J.-C à 668 ap. J.-C

Le territoire du royaume de Goguryeo, après celui de Balhae, fut le plus vaste de toute l’histoire de la Corée et s’étendit sur une large partie de la Chine, bien au-delà des frontières actuelles. Il garde aujourd’hui une place toute particulière dans le coeur des coréens.

Le royaume de Goguryeo est fondé en 37 av. J.-C. près de Zolmon (Huanren, Chine) par Jumong (주몽), prince de la famille royale de Buyeo. Il s’établit plus au sud, dans la vallée de l’Amnok Gang. Il parvient à se faire une place dans ces régions situées au nord de la Corée et habitées par des tribus, en faisant la guerre où le plus souvent en passant des alliances (notamment avec la puissante société locale Yemaek). L’absorption des petits organismes environnants est facilitée par l’absence de rivalité entre populations. Le nouvel état se développe peu à peu dans cette région reculée et peu accessible. Le contrôle administratif de la commanderie chinoise Nangnang est impossible.

 

Le développement du royaume

La classe dirigeante de Goguryeo était pour l’essentiel militaire. L’activité militaire fut en effet la principale caractéristique du royaume. Elle lui permit d’étendre son territoire tant vers le nord que vers le sud et lui assura la majeure partie de ses revenus qui provenaient des raids contre ses voisins. Le royaume profite des troubles de la première Dynastie Han pour refuser obéissance à l’empereur chinois Wang Mang (12 ap. J.-C.). Il annexe deux ans plus tard une première commanderie chinoise. En 37, il s’empare de Nangnang mais la commanderie est rétablit dix ans plus tard grâce au fondateur de la deuxième dynastie chinoise des Han. Goguryeo soumet les royaumes Sonbi puis Puyeo en 194 ap. J.-C. Succédant à Mohon, T’aejo consolide la puissance du royaume et établit une dizaine de places fortes.

Le roi GogukCheon (179-196) lance une importante réforme du système administratif afin de réduire le pouvoir de la noblesse et assurer la prédominance de l’autorité royale. Goguryeo qui était divisé en cinq clans est désormais partagé en cinq districts. Ce système aboutit en 373 à la promulgation sous le roi Sosurim (371-384) d’un ensemble de lois et de règles régissant la totalité du territoire. A mesure que Goguryeo gagne en importance, les frictions avec la Chine deviennent sous-jacentes.

En 224, la dynastie chinoise des Wei qui voyait menacées ses communications avec la commanderie de Nangnang fit attaquer Goguryeo par le général Guan Qiu-jian. Hwanddoseong, la capitale de Goguryeo fut détruite au cours des opérations, mais le royaume ne s’en trouva pas affaibli pour autant.

Le royaume n’entre en relation avec les deux autres rouames coréens Silla et Baekje que tardivement (respectivement en 245 et 369) car au centre de la Corée se trouvait comme nous l’avons vu la commanderie chinoise Nangnang.

En 313, la Chine se trouve en plein chaos, le prestigieux empire des Han vole en éclat. Le roi Micheon de Goguryeo (300-331) en profite pour s’emparer de la commanderie. Cette date marque la fin de 400 ans de présence chinoise dans la péninsule. Après l’éclatement de la dynastie Han, Goguryeo a plus de mal à s’imposer parmi les nouveaux et multiples petits royaumes. Les rois de la famille Ko se tournent alors vers le sud. La capitale est transférée dans la vallée du Taedong Gang, aux environs de Pyeongyang. L’élimination de la présence chinoise plus un gain de territoire ont joué un rôle capital dans l’essor culturel et économique de Goguryeo. Sous le règne Gwanggaeto Wang (391-413), le royaume de Goguryeo devint l’état le plus puissant d’Asie du nord-est. Son territoire occupe alors le centre et le nord de la péninsule et le nord-est de la Chine. Au commencement du IVe siècle, Goguryeo se trouve limitrophe avec Baekje, comme il l’était avec Silla depuis cinquante ans. Le royaume est alors à son apogée.

 

Goguryeo face à la Chine

En 589, la Chine est réunifiée par la dynastie des Sui. Face au danger potentiel que représente l’alliance passée entre les Tujue, peuple nomade des plateaux mongols et Goguryeo, la Chine va former une vaste armée. Dix ans plus tard, Goguryeo profite des démêlées entre Tujue et Chinois pour prendre à revers les troupes chinoises. L’empereur Wendi de la dynastie Sui vient à bout des Tujue et repart à l’attaque de Goguryeo à la tête de plus d’un million d’hommes. Le général Ulji Mundeok, considéré comme le plus grand stratège de Goguryeo mais aussi de toute l’histoire de la Corée parvient a déjouer les multiples attaques chinoises. Au final, ces soixante-dix ans de guerres provoquèrent la chute de la dynastie des Sui et l’affaiblissement des ressources de Goguryeo.

Avec l’avènement de l’Empire chinois des Tang en 618, les conflits entre les deux puissances s’intensifièrent encore. Sous la direction du célèbre général Yeon’Gaesomun, l’armée parviendra pendant un temps à déjouer les actes d’agression de Tang. Le grand patriotisme de son peuple et son esprit d’assistance à l’armée étaient à la base de la puissance du Goguryeo.

Alors que le royaume peine à se remettre d’un terrible coup d’état (le roi Yongnyu et tous ses ministres sont tués par Yeon’Gaesomun, un redoutable général qui portait cinq sabres), une nouvelle menace se profile. En 650, la Chine devant son incapacité à régler seule le problème Goguryeo décide de s’allier au royaume de Silla. Les troupes de Goguryeo, usées par des longues années de luttes, s’effondrent sous les coups de Tang et de Silla. En 668, les troupes impériales chinoises et celles de Silla, déjà presque complètement maîtresses du royaume de Baekje, attaquèrent une dernière fois un Goguryeo à l’agonie.

Le Goguryeo fut une grande puissance de l’Orient, de par la taille de son territoire, de l’importance de ses forces militaires, du développement de sa culture et de la durée de son existence. Son vaste territoire fut partagé; la partie nord revint aux chinois et la partie sud au royaume de Silla et le reste à Balhae, successeur de Goguryeo. Jumong (주몽), fondateur du royaume de Goguryeo

Fils de Haemosu et Yuhwa, Jumong est le fondateur du royaume Goguryeo en 37 av. J.C.; La légende raconte qu’il est sortit d’un oeuf protégé par le ciel et les animaux. Après quelques mois seulement il est déjà capable de parler et ses aptitudes exceptionnelles s’améliorent à mesure qu’il grandit. Poussé par une force supérieure, il part vers le sud fonder un nouveau royaume. S’en suit alors une chevauchée fantastique jusqu’au jour où il décide d’installer la capitale de son royaume au bord d’un fleuve. Jumong doit alors faire face à Songyang, le roi de la province et lui annonce “Je suis le fils du ciel et maintenant roi de cette terre”. Songyang propose alors un défi de précision au tir à l’arc que Jumong remporte brillamment. Après cela, Jumong commanda à la pluie de tomber et en sept jours la capitale de Songyang disparue sous les flots. Puis avec l’aide du ciel Jumong érigea son palais, là aussi en sept jours, ainsi apparu le royaume de Goguryeo.

 

Science et Art à Goguryeo

Le royaume s’imprégna des influences tant chinoises que des groupes nomades des plaines du nord pour créer sa propre culture qui influença à son tour le reste de la péninsule ainsi que le Japon.

A l’époque de Goguryeo, la météorologie et l’astronomie connaissent un développement rapide. Selon les archives, il y avait un observatoire de vaste dimension au sud de Pyongyang et l’observation astronomique s’effectuait à un niveau élevé. En témoignent les cartes du ciel découvertes dans des tombeaux Goguryeotes à fresques. Citons surtout la carte du ciel en pierre, gravée au IVe où Ve siècle : elle contient près de 1500 étoiles sur plus de 280 constellations axées sur le pôle nord. C’est une carte des constellations très ancienne, au contenu exact. A cette époque, la médecine dont l’acupuncture et la stimulation des points connaissait un progrès remarquable ; elle fut diffusée jusqu’au Japon.

Les vestiges du Goguryeo témoignent du développement de la métallurgie et de la construction au Goguryeo. Les beaux-arts se distinguent par leur originalité, leur vigueur, leur grandeur et leur beauté. Des portraits et des scènes ont été découverts dans le tombeau du roi Ko Guk Won et dans celui à fresques de Tokhungri. Des toiles à quatre anges gardiens (dragon bleu, tigre blanc, phénix rouge et tortue : animaux fantastiques représentant les quatre directions) se trouvent dans les tombeaux de Kangso. Jusqu’ici, plus de 90 tombeaux de ce genre ont été découverts.

La littérature et les arts connurent aussi un développement. Citons par exemple, les légendes consacrées à la fondation du Goguryeo : Les Contes de Jumong, L’Histoire d’Ulji Mundeok, L’Histoire d’Ondal, Le lapin et la tortue et le poème d’Ulji Mundeok à l’adresse de Yu Zhoungwen. La musique et la danse sont aussi parvenues à un niveau supérieur.

La culture développée du Goguryeo a exercé une grande influence non seulement sur Baekje et Silla mais aussi sur les autres pays voisins. La fresque du tombeau Takamatsuzuka de la préfecture de Nara, la plus célèbre fresque tombale au Japon, et la peinture murale dorée du temple Hougu faite en bois, la plus ancienne au monde, ont toutes été créées par des artisans de Goguryeo.

About the Author:

Leave A Comment